C'est
à l'orée de la ville, à deux pas du métro.
Une multitude d'allées se croisent dans
les mailles d'un sous-bois plus ou moins orchestré où
chacun vient jouer ses petits fragments de vie. En apparence c'est
l'harmonie qui règne, le vernis est bien lisse. Mais sous les
arbres c'est une autre partition et la nature soudain vient alors contraster avec les tentes, les bâches et les cabanes de
fortune implantées comme de fragiles refuges... Cachés à
l'abri des regards, en zones peu fréquentées et
boisées.
Je
photographie ces campements pour en cartographier les traces, non pas
sous l'angle du misérabilisme ni de la dénonciation,
mais pour révéler cette aspiration nécessaire
pour tous ces « habitants du bois » d'avoir un lieu
d'ancrage régulier pour y faire leur 'chez soi' – aussi
fragile et précaire soit-il. Car ces installations jettent le
trouble sur les porosités qui filtrent entre l'espace public
d'agrément et son appropriation comme lieu d'habitation. Je cherche à éprouver par l'image ce paradoxe qui
fait basculer le parc urbain
paysager de son
statut « d'anti-Assomoir » et de « poumon vert
Républicain » vers celui de zone tampon et d'ultime
retranchement pour tous ceux qui vivent là, depuis parfois bien longtemps...