1.3.14

LE BOIS

 C'est à l'orée de la ville, à deux pas du métro. Une multitude d'allées se croisent dans les mailles d'un sous-bois plus ou moins orchestré où chacun vient jouer ses petits fragments de vie. En apparence c'est l'harmonie qui règne, le vernis est bien lisse. Mais sous les arbres c'est une autre partition et la nature soudain vient alors contraster avec les tentes, les bâches et les cabanes de fortune implantées comme de fragiles refuges... Cachés à l'abri des regards, en zones peu fréquentées et boisées.

Je photographie ces campements pour en cartographier les traces, non pas sous l'angle du misérabilisme ni de la dénonciation, mais pour révéler cette aspiration nécessaire pour tous ces « habitants du bois » d'avoir un lieu d'ancrage régulier pour y faire leur 'chez soi' – aussi fragile et précaire soit-il. Car ces installations jettent le trouble sur les porosités qui filtrent entre l'espace public d'agrément et son appropriation comme lieu d'habitation. Je cherche à éprouver par l'image ce paradoxe qui fait basculer le parc urbain paysager de son statut « d'anti-Assomoir » et de « poumon vert Républicain » vers celui de zone tampon et d'ultime retranchement pour tous ceux qui vivent là, depuis parfois bien longtemps...